Définition : qu'est-ce que le brainstorming ?
Le brainstorming (ou remue-méninges) est une méthode structurée pour trouver des solutions originales à une problématique en mobilisant l’intelligence collective.
Cet outil a été inventé par Alex Osborn, un publicitaire américain. Il s'appuie sur la capacité créative d'un groupe à faire émerger des idées nouvelles en dehors de toute influence de normes ou d'idées préconçues, pour résoudre un problème . L'un des principes est de générer le plus de pistes de réponse possible à une question .
Les principes de base du brainstorming
- Liberté d’expression : chaque membre doit pouvoir s’exprimer sans crainte. Aucune critique ni jugement ne doit freiner les idées, même les plus audacieuses.
- Pas d’autocensure : donner libre cours à son imagination. Toutes les suggestions sont les bienvenues, même celles qui semblent improbables.
- Priorité à la quantité : plus on produit d’idées, plus les pistes novatrices émergent. L’analyse viendra plus tard.
- Effet d’entraînement : une idée en inspire une autre. Il est essentiel de rebondir sur les inspirations du groupe, les enrichir et les combiner pour élargir les perspectives.
- Égalité de parole : aucune hiérarchie, aucun poste ne prime sur un autre. Tous les participants ont le même poids dans les échanges.
Pour faire quoi ?
L'application originale du brainstorming est la résolution de problèmes. Il permet d’identifier des pistes de solution en mobilisant la pensée créative du groupe. Grâce à cette approche, il devient possible d’innover en trouvant des réponses inimaginables. Des réponses qui n’auraient peut-être jamais émergé dans un cadre plus formel.
Mais le brainstorming ne se limite pas à la résolution de problèmes. C'est aussi un outil puissant pour travailler sur des opportunités et explorer de nouvelles idées dans divers domaines comme :
- Marketing et communication : création d’un nom de marque percutant, conception de logos impactants, élaboration d’un slogan original ou d’un message publicitaire fort...
- Stratégie d’entreprise : identification de nouveaux marchés, développement de nouveaux produits ou services.
- Design et innovation : génération d’idées pour concevoir des produits novateurs, définir une identité visuelle unique, améliorer l’expérience utilisateur.
- Organisation et management : optimisation des processus internes, amélioration de la collaboration en équipe, mise en place de nouvelles méthodes de travail.
Cet outil est un formidable levier d’intelligence collective pour faire émerger des idées à fort impact.
Les étapes du brainstorming
Préparation de l'atelier de créativité
Constitution du groupe créatif
Le premier rôle de l'animateur est de construire un groupe de travail efficace et pertinent. Pour cela :
- Taille du groupe : privilégiez un groupe de 5 à 10 participants, un nombre idéal pour favoriser les échanges de tous.
- Profils : impliquez chaque membre ayant avec des angles de vue contrastés (métiers, expertises, positions hiérarchiques) pour enrichir la co-création.
Attention aux liens de subordination : soyez attentifs à ce que les liens hiérarchiques ne soient pas un frein à l'expression de certains. Un climat de confiance est essentiel.
Mélangez des profils introvertis et extravertis pour un équilibre entre réflexion et spontanéité. Évitez les participants trop dominants qui pourraient monopoliser la parole. - Rôles et responsabilités :
- Désignez un animateur (ou facilitateur) pour cadrer les échanges et encourager la prise de parole.
- Prévoyez un rapporteur pour noter les idées et éviter qu'elles ne se perdent.
Il est pertinent de dissocier les 2 rôles, animateur et rapporteur afin que le premier soit pleinement concentré sur la dynamique de l'atelier.
Choix de l’environnement et des outils
La salle et sa configuration doivent favoriser les échanges et créer une atmosphère détendue.
- Disposition de la salle : privilégiez des espaces modulables avec des sièges positionnés en cercle, îlots ou U pour maximiser l’interaction.
- Ambiance : optez pour un éclairage chaleureux et évitez les distractions pour maintenir la concentration. Pas d'ordinateurs, pas de téléphone, bien sûr.
- Outils :
- Vidéoprojecteur, paperboard pour structurer les échanges
- Post-it pour capturer rapidement les idées
- Tableaux blancs pour organiser les réflexions
A noter : il existe des plateformes collaboratives pour faciliter la génération d’idées.
Lancement du brainstorming
On est là dans le cœur de l'atelier créatif. Voici son contenu :
Clarification des objectifs
Présentez clairement le but du brainstorming et son importance pour la résolution de problèmes ou la saisie d'opportunités. Il est utile de préciser le contexte, c'est-à-dire le pourquoi de l'atelier et les enjeux.
Vérifiez que chacun comprenne bien la problématique et partage la même vision du sujet, et donc la finalité de l’atelier.
Ne pas hésiter à demande s’il y a des questions. Si nécessaire, complétez les connaissances du groupe avec des données, des études ou des faits clés.
Enonciation des règles du jeu du brainstorming
Rappelez que l’objectif est d’explorer un maximum d’idées, sans autocensure ni jugement.
La phase débute par le rappel (voire l'affichage) des principes :
- Respecter la parole de tous les participants. Ne pas critiquer ou ne pas juger les propositions, même les plus audacieuses.
- Ne pas s’autocensurer : donner libre cours à son imagination. Toutes les suggestions sont les bienvenues, même les plus improbables.
- Quantité avant qualité : l’objectif est de produire un maximum d’idées, sans chercher immédiatement à les analyser. Le maitre mot est la spontanéité.
- Favoriser la dynamique du groupe : rebondir sur les inspirations des autres pour stimuler la production d'idées : combiner, mélanger les pistes, les améliorer... Un point intéressant dans cette méthode est l'effet d'entrainement induit. Une nouvelle piste en attire une autre, et ainsi de suite.
- Aucune hiérarchie : Tout le monde est au même niveau, plus de hiérarchie ni de services...
Définir des modes de participation :
- Tour de table pour donner à chacun un temps de parole.
- Temps de réflexion individuelle avant la mise en commun pour éviter l’influence des plus extravertis.
- Brainwriting (écriture des propositions avant exposé à l'oral) pour favoriser la spontanéité.
Echauffement du groupe avec un "brise-glace"
Il s'agit de petits jeux ou exercices ludiques pour aider à :
- Créer une atmosphère détendue et stimuler la créativité du groupe.
- Faciliter la prise de parole pour les plus réservés.
- Favoriser la cohésion et casser les barrières hiérarchiques.
Exemples de brise-glace :
- Le mot-clé aléatoire : chacun donne un mot en lien avec le sujet du brainstorming.
- L’objet insolite : chaque participant propose une idée à partir d’un objet inattendu.
- Le "mauvais" brainstorming : lister volontairement de mauvaises idées pour désinhiber les participants.
Voir pour d'autres exemples d'icebreaker
Définition de la question de départ
Aussi nommée "phase de cadrage", cette étape est essentielle pour poser des bases solides pour la recherche d'idées.
Définir clairement le périmètre de la recherche d’idées
Précisez les limites du sujet pour éviter que la discussion ne parte dans trop de directions.Posez une question ouverte et stimulante :
- Exemple : Comment améliorer notre processus de recrutement en 2024 ?
- Évitez les questions trop vagues (Comment être plus innovant ?) ou trop fermées (Devons-nous recruter un nouveau collaborateur ?).
Fixer un cadre temporel et méthodologique
- Déterminez avec le groupe le temps alloué à cette phase (exemple : 15-20 minutes maximum).
- Assurez-vous que la définition de la question ne prenne pas trop de temps au détriment du brainstorming lui-même.
- Si des désaccords émergent, utilisez un vote rapide ou un tour de table pour trancher efficacement.
Un cadrage clair dès le départ évite les malentendus et permet "brainstormer" dans un cadre structuré et productif.
Recherche d'idées - la phase de production
C'est la phase de créativité à proprement parler. Le but est de recueillir les idées émises par chacun, telles qu'elles lui viennent à l'esprit. Comme rappelé précédemment, la censure n'est pas de mise, ni le jugement. Seule compte la spontanéité.
Rôle clé de l’animateur
- S’assurer de la bonne compréhension : même si l'objectif est de générer un maximum d'idées, l'animateur se doit de vérifier que tout est compris , quitte à demander de reformuler une proposition peu claire.
- Encourager la participation de tous :
Tout le talent de l'animateur réside dans sa capacité à encourager les participants introvertis à s'exprimer en cadrant les plus bavards, sans les bloquer. - Gérer le rythme : alterner entre réflexion individuelle et échanges collectifs pour optimiser l’idéation.
- Gérer la prise de parole :
- Limiter les débats dans un premier temps pour ne pas freiner la créativité.
- Utiliser des signaux visuels (cartes, minuteur…) pour cadrer les interventions.
- Utiliser un style d'animation détendu et stimulant :
- Adopter un ton léger et dynamique.
- Valoriser chaque contribution pour maintenir l’engagement.
- S'il n'y a pas de rapporteur, noter les idées :
Il peut avoir également le rôle de consigner, au fur et à mesure, le fruit du travail collectif.
Techniques de créativité
Si la génération d’idées ralentit, l’animateur peut utiliser plusieurs techniques pour relancer la dynamique :
- Le "remue-méninges inversé" : au lieu de chercher des solutions, le groupe identifie tout ce qui pourrait aggraver le problème, puis inverse ces suggestions en pistes d’amélioration.
- L’association d’idées : partir d’un mot-clé ou d’une idée déjà exprimée pour en générer de nouvelles (exemple : "innovation" → "technologie" → "intelligence artificielle").
- Le brainstorming par contrainte : imposer des limitations volontaires (budget réduit, temps limité, absence d’une ressource clé) pour stimuler la créativité.
- L’alternance entre phases individuelles et collectives. Certains participants sont plus à l’aise en réfléchissant d’abord seuls avant de partager leurs trouvailles en groupe.
A noter : une technique efficace est le brainwriting - chacun note ses idées sur une feuille, puis la fait circuler pour que les autres les complètent.
Maintenir un bon flux
- Diviser la session en plusieurs cycles :
- Un premier tour rapide pour énoncer toutes les idées spontanées.
- Un deuxième pour approfondir ou croiser les idées entre elles.
- Un dernier pour identifier les idées les plus originales ou prometteuses.
- Utiliser des variantes de brainstorming pour éviter la lassitude :
- Le 6-3-5 : 6 personnes écrivent 3 idées en 5 minutes, puis passent leur feuille au voisin pour qu'il complète.
- Le mind mapping : organiser (sommairement) visuellement les idées sous forme de carte mentale pour repérer des connexions inédites. Attention, l'objectif ici n'est pas de classer formellement les idées mais de se servir des associations pour générer de nouvelles pistes inexplorées.
Classement/filtrage des idées et sélection des solutions
Une fois que la collecte des idées terminée vient la phase de rationalisation. Pour cela :
Regrouper et structurer les idées
- Créer des "métas" idées : rassembler les idées convergentes, similaires ou complémentaires sous des catégories communes.
- Supprimer les doublons : fusionner les propositions redondantes pour éviter les répétitions.
- Éliminer les idées irréalisables : mettre de côté celles qui sont trop farfelues ou hors sujet, tout en restant ouvert aux concepts innovants.
Définir des critères de sélection
La liste étant maintenant beaucoup plus "propre", il convient de définir des critères d'appréciation pour déterminer quelles sont les idées les plus intéressantes à travailler. Ces critères peuvent inclure :
- Faisabilité : est-ce techniquement et humainement réalisable ?
- Impact : quel serait l'effet sur la problématique initiale ?
- Coût et ressources : quel est l’investissement nécessaire (temps, budget, personnel) ?
- Originalité : l’idée apporte-t-elle une réelle innovation ou différenciation ?
- Alignement stratégique : correspond-elle aux objectifs et aux contraintes de l’entreprise ou du projet ?
Finaliser la sélection des solutions
Le tri et la mise en cohérence une fois terminés, l'équipe peut réfléchir sereinement sur les idées qui apportent de véritables solutions à la situation de départ. Et à leur mise en application.
- Si plusieurs idées sont encore en concurrence, des méthodes comme le vote pondéré, le matrice d’impact/effort ou le vote par gommettes peuvent aider à prioriser les solutions.
- Il peut être utile d’établir un premier plan d’action pour tester les idées sélectionnées à petite échelle avant un déploiement plus large.
Ce qu'il ne faut pas faire
- Critiquer l'avis des autres : le processus collectif et la dynamique risquent d'être annihilés, chacun faisant attention à ce qu'il va dire..
- Couper le flux de la phase créative par un début de réflexion ou de classement. Les idées doivent pouvoir apparaître sans contraintes.
- Éliminer d'emblée les idées farfelues : ce sont celles à l'origine de vraies innovations
- Travailler sur un problème trop large : les propositions vont fuser dans tous les sens et le temps imparti ne suffira pas pour apporter des réponses claires à la question de départ.
Organiser une séance de brainstorming efficace repose sur un équilibre entre liberté créative et structuration du processus. En combinant une phase de créativité dynamique avec une phase convergente de rationalisation, on maximise l’efficacité du travail d’équipe. L’intelligence collective permet ainsi de générer des idées novatrices et de trouver des solutions originales en un minimum de temps.
Consulter également les variantes de du brainstorming :
- Le brain-netting : pour un atelier créatif à distance
- Le brainwriting : une variante qui consiste à réfléchir par écrit en groupe
- Le reverse brainstorming : prendre le problème à l'envers
- La méthode SCAMPER : pour un processus créatif plus guidé
Voir aussi la méthode CIRCEPT et la méthode des 6 chapeaux, le design thinking.
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Commentaires
Kamgaing 22 mars 2023 à 11:01 (Il y a 23 mois)
Tout est clairement expliqué avec les termes basiques.
Bravo pour ce travail.
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